Ne pas (se) soigner

Publié le par sebasan

Un jour, j'ai vu dans le cabinet d'un médecin une citation qui disait à peu près ceci :
" C'est faire preuve d'une grande marque d'amour que de ne pas soigner un malade".

J'avoue que sur le coup, je n'avais pas très bien compris le sens. J'en étais presque choqué de voir que l'on pouvait dire qu'il fallait beaucoup d'amoour pour voir les gens à qui l'on tient en train de souffrir. Et puis le temps fait son chemin.

Evidemment, il n'est nullement question ici de refuser de soigner quelqu'un par manque de compétences. Dans ce cas précis,  il est fait état de la possibilité technique (car on a les outils ou le savoir) ou la possibilité intellectuelle (par un savoir-faire acquis par le passé)  d'aider une personne qui est en souffrance.

Je tiens tout de suite à écarter le cas de l'euthanasie où la médecine est à la limite de ces possibilités et n'offre comme option que d'alléger les souffrances d'un patient qui sait par avance qu'il va mourrir. Ceci est un peut différent mais, au fond, la philosophie de "refus de soins" ou de "l'assistance à la mort" est identique aux propos suivants.



Nous sommes dans le cas où des parents apprennent à leurs enfants à marcher, à faire du vélo. Où un professeur montre comment résoudre un exercice ou comment effectuer un travail manuel. C'est-à-dire que quelqu'un qui "sait" ou qui est en mesure d'aider doit accepter le fait qu'il est dans l'incapacité totale de faire quelque chose à la place de l'autre. Il transmet une partie de son savoir, explique, donne des conseills, guide et corrige, mais il ne peut rien faire à la place de l'autre. Et il doit donc accepter que l'autre personne se trompe, tombe et fasse des erreurs. Puis tente à nouveau jusqu'à ce qu'il y arrive.

Si on se place maintenant dans le domaine médical, la situation pourrait semblait ubuesque. Imaginez un médecin qui a un médicament pour soigner un malade qui refuse de le prendre. Imaginez un thérapeute capable de trouver les mots pour sortir une personne de ses troubles psychologiques mais qui refuse de les appliquer. Imaginez une personne ayant des problèmes articulatoires qui refusent de suivre les séances de kinésithérapie ou d'ostéopathie qui pourraient la rendre plus heureuse. Imaginez alors vos amis ou parents refusant d'écouter vos conseils ou d'accepter vos soins ...


Accepter le refus de l'autre c'est accepter qu'il a sa propre vie, son propre cheminement, ses propres peurs, ses propres motivations. Que chacun a sa propre manière de raisonner, bref, sa propre manière de vivre.
Alors oui, il faut un sacré "amour" de l"humain pour accepter cela. Car forcer quelqu'un à penser comme soi ou agir comme on voudrait, c'est lui manquer de respect, même si on le voit se détruire mentalement et/ou physiquement. C'est lui enlever sa propre capacité à faire des choix, c'est lui enlever son libre arbitre.

Ceci n'empêche nullement de proposer son aide, bien au contraire. Mais une bonne thérapie nécessite un travaille commun de la part du thérapeute et de la personne qui souffre.

Publié dans General

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M
Je me suis permis de mettre deux commentaires à cet article sur NaturaVox. J'ai aimé l'article mais après reflexion le titre est un contre sens assez lourd !
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D
Je suis tout à fait d' accord avec toi, il arrive un moment où je médecin a fini son travail et c'est donc au patient de faire lui même afin d'attteindre la guérison. Une fois que le médecin a donné les clés pour se soigner , c'est au patient de choisir la bonne clé pour ouvrir la bonne porte qui mène à la vie.
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