Histoire de l'acupuncture (2/2)

Publié le par sebasan

La pratique médicale pré-hannique était avant tout pragmatique et expérimentale. Sous la dynastie de Han, on a ordonné et répertorié toutes les connaissances grâce à une classification théorique plus claire. Et dans la période suivante jusqu'à la fin de la dynastie de T'ang (618-907), la médecine chinoise a développé la pratique et la clinique en même temps que les commentaires, interprétations et clarifications théoriques augmentaient.


Durant cette longue période, en particulier sous les Tang, la médecine chinoise a subi l'influence de l'extérieur à cause des échanges commerciaux et culturels plus importants grâce à la route de la soie avec les villes du Moyen-Orient aussi éloignées qu'Antioche, et indirectement même plus loin jusqu'à Byzance ou Rome. Et par la route méridionale de la soie au pied des monts Karakoroum, c'est le monde indien qui a transmis ses sciences bouddhiques et médicales. Ainsi, le diagnsotic, la pathologie et la thérapeutique ont toutes subi une métamorphose au cours de cette période. Au début de la période post-hannique, vers les années 280, le personnage le plus représentatif est Wang Shu-Ho. Originellement médecin du palais avec le rang de "chef de personnel", Wang Shu-Ho eut une contribution double. Il fit une classification du Shang-han-Lun de Chang-Chi qui fut ainsi transmise à la postérité et, surtout, il rédigea le Nei-Ching, ou le Classique du pouls. Puisant dans le Neï-Ching, cet ouvrage est devenu le recueil fondamental de la médecine chinoise jusqu'à nos jours. Y sont répertoriées les 24 (plus tard, 28) pulsations identifiables dont la qualité et la signification sont décrites de façon pittoresque, ainsi la pulsation "fuyante", "flottante" et "nerveuse".

 


En 1026, une statue en bronze situant tous les points de l'acupuncture fut dévoilée, ce qui mit fin, du moins officiellement aux diverses controverses sur les positions exactes des piqûres. En 1064, un autre ouvrage normalisa les ordonnances et fut distribué à travers tout l'empire en vue de réduire la confusion qui régnait quant à la composition d'un même remède. Ce point était devenu si grave que même les praticiens s'embrouillaient dans le choix des plantes à inclure dans un remède. En 1040, la cour créa une "pharmacie" sous sa tutelle pour la délivrance de remèdes les plus courants. Ils étaient vendus au public sous formes de pastilles, de poudre ou d'onguent. La pharmacie se divisa en sept branches en 1102.

 L'acupuncture était le parent pauvre de la pratique médicale, car elle traumatisait assez facilement le patient qui recevait des milliers d'aiguilles au cours de séances de soins. Les médecins sous les Yuan approfondirent l'acupuncture élaborée sous la dynastie de Song. Ils ont même composé des vers pour une meilleure mémorisation des points les plus communément utilisés. Grâce à cette mnémotechnie, les combinaisons pour un traitement particulier devenaient plus faciles et faisaient éviter aux médecins des erreurs de thérapeutique.


Ce fut une grande école de praticiens qui se développa sous la dynastie Yuan et mérite d'être mentionnée. Quatre "grands maîtres" des dynasties Kin et Yuan, Liu Wen-Shu, Li kao, Tchang Tsong-Tcheng et Tchou Tchen-Heng, ont chacun grandement contribué à la sémiologie. Ils ont aussi beaucoup ajouté aux connaissances médicales puisque chacun s'est fait l'avocat d'une théorie et d'une thérapeutique différente les unes des autres.

Malgré cette divergence, tous se sont fondés quand même sur la théorie généralement acceptée avec une certaine efficacité clinique. Ainsi, Li Kao trouvait que la santé (dans le sens moderne du terme) dépendait d'un fonctionnement sain du système digestif et qu'une maladie provenait d'une faiblesse de ce système et de fonctions assimilatives associées. Tchang Tsong-Tcheng, en revanche, arguait que les influences du milieu ambiant (pris dans son sens moderne) étaient les principales causes de la maladie. Chacune de ces quatre écoles a traité ses patients selon ces principes et a prouvé son efficacité dans le traitement de nombreuses maladies. Par la suite, les médecins ont pratiqué selon une de ces quatre lignes et, dans maints cas, la compétition a stimulé à la fois la théorie et la pratique.

 

Ce sont les Jésuites qui, les premiers, ont ramené et compilé des écrits sur l'Acupuncture lorsque, à la fin du XVIIème siècle, Louis XIV les envoya à Pékin ; ceux-ci en rapportèrent des documents sur la civilisation et sur la médecine. C'est ainsi qu'en 1671 un ouvrage sur ce sujet put être publié par le révérend père Harvieu. Au début du XIXème siècle, en France, de grands noms de la médecine s'y intéressèrent et la pratiquèrent : Laennec, Bretonneau, Trousseau, Berlioz. Puis Dabry de Thiersant (1842-1898) auteur de "la Médecine chez les Chinois. " Mais c'est sous l'impulsion de Georges Soulié de Morant (1878-1955), consul de France à Pékin** pendant plus de 12 ans, que l'acupuncture - moxibustion prit un essor considérable en France et en Europe à partir des années 1920.

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